Jose Ferrer construit ses images à partir des photos qu’il prend au gré de ses déambulations, de ses voyages, ou qu’il pioche dans les clichés de ses tiroirs, pleins de souvenirs d ‘enfance, de lieux qu’il a habité, d’objets photographiés aux puces par exemple . Dans sa 1ere exposition « Fragments aquatiques » Il entremêle objets d’hier, lieux , silhouettes rencontrées au hasard pour tisser sa toile entre rêve et mémoire, dans une atmosphère surréaliste aux couleurs nostalgiques : Voyage dans le temps , modernité patinée , pourtant réalisée grâce aux outils informatiques , mais loin de l’ effet ultra lèché des images trop retouchées .
« Certaines œuvres d’art se passent de toute description. Pour elles, les mots ne peuvent se substituer au regard. Toute tentative de définition serait vaine face à l’infinie subjectivité de l’interprétation. Le regard agacé par l’insignifiance du discours aurait vite fait de se contenter de la poésie de l’image.
Par un subtil travail de montage photographique, Jose Ferrer invente une mémoire dans laquelle chacun ira puiser souvenirs et sensations. Chacun se racontera sa propre histoire pour saisir le sens profond de l’image.»
Voici un texte écrit par l’artsiste pour entrer dans son imaginaire et suivre les étapes de ses montages.
Petite histoire d’une photo…
Lundi dernier je suis allé aux Puces. J’ai pris quelques photos au hasard de ce qui retenait mon attention: un petit cheval en bois, les arbres et le ciel sur un tableau en canevas délavé, une chaise, une malle dont le cuir abîmé faisait naître d’étranges motifs ….
Mardi il pleuvait. Et, qui sait, peut-être que je cherchais un peu de lumière : je me suis mis à regarder des photos anciennes, des photos que j’ai prises autrefois en Sardaigne, de ces photos un peu banales qu’on prend à la volée pour se souvenir d’un moment, d’un lieu, d’un geste, d’un sourire, d’une lumière.
Regardant ainsi distraitement la photo d’une plage, se superposant aux formes des rochers, le souvenir de la texture du cuir de la malle photographiée le jour précédent a resurgi soudain, inopinément .
J’ai pensé aussitôt que le petit cheval en bois de la veille pourrait trouver plaisir à s’ébattre sur cette plage un peu morne et vide qu’il égaierait…
Plus tard j’ai fermé les yeux et, dans mon souvenir, le ciel de ce jour de mai en Sardaigne et celui du tableau en canevas des Puces se confondaient, faisant reculer très loin celui gris de ce jour de pluie présent.
Ainsi plus tard, comme dans un puzzle, je me suis mis à découper des objets et des personnages, à choisir des scènes parmi mes voyages et mes promenades et j’ai construit une sorte de mémoire inventée.
J’ai depuis souvent pratiqué cette « plongée dans les images » de mes vies d’autrefois pour en ramener, du fond de l’eau profonde des souvenirs, ces tableaux d’une mémoire rêvée.
BIOGRAPHIE : JOSE FERRER
Né le 1er juillet 1976 à Xativa, Valence, Espagne. Actuellement il vit et travaille à Bruxelles.