J’ai toujours aimé les images car elles me rendent mélancolique et me rassurent, elles me ramènent à l’enfance perdue, au temps passé, aux jours heureux. La récompense à l’école, c’était les grandes ou les petites images.
Une aire d’autoroute au mois d’août sur une route d’Italie, à travers la fenêtre de la R16 blanche de mon père, j’aperçois furtivement un cirque triste avec 2 vieux éléphants qui s’abreuvent à côté d’un chapiteau rouge et jaune. Je me remémore le regard grave et figé de Martine Carol dans Lola Montés.
Je regarde défiler le paysage de la campagne à travers la fenêtre d’une vieille micheline, et je me souviens des larmes retenues de Catherine Deneuve sur le quai de la gare de Cherbourg.
Toutes ces images, je voulais les garder, images rêvées ou fantasmées, elles m’aident à me souvenir, à m’imaginer mes propres scénarii, elles saisissent le temps que je voulais capturer.
C’est peut-être pour cela que comme une évidence je travaille dans le cinéma depuis plus de 30 ans et que je suis devenu directeur de la photographie.
«Le cinéma, c’est la vérité 24 fois par secondes» Jean-Luc Godard.
Mais avec la photo, il faut savoir n’en garder qu’une, celle qui concentre à elle seule les 23 manquantes. Avec une seule image on peut se raconter sa propre histoire, se faire sa propre mise en scène.
Photographe enthousiaste et spontané, j’essaye toujours d’avoir un angle humain, absurde et poétique sur les sujets que je photographie.
Une photo réussie, c’est toujours une petite victoire.
C’est ma première exposition et je suis aujourd’hui heureux de vous présenter mon regard figé, un instant, un temps capté, je ne sais plus quand, je ne sais plus où.
C’est le temps volé.